Aux origines : du GDR Nord Méditerranée à la création de TELEMMe
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TELEMMe n’aurait pas dû exister
Une fausse création pour une fausse fenêtre
Au milieu des années 80, ni pour le CNRS, ni pour l’université, dont Jean-Claude Bouvier n’était pas encore président, le projet d’une unité sur la Méditerranée septentrionale n’était une priorité, ni même, pour le CNRS une simple perspective. Le CESM, magnifique réalisation de Georges Duby, avait vu ses objectifs initiaux quelque peu enfouis après le départ de Duby pour le Collège de France et fonctionnait de manière plus réduite, sinon incertaine. En revanche, le CNRS avait alors deux problèmes lourds : il lui fallait solder un passé devenu encombrant, deux unités devenues presque imprésentables à divers titres, y compris du fait de leurs directeurs du moment, l’Institut d’archéologie et le Centre d’histoire de la colonisation, devenu CRESM vers 1970. Le premier ne relève pas de mon propos, le second oui, parce que le CNRS l’a remplacé par l’IREMAM, et qu’il voulait bien le loger. Une négociation à trois, entre la direction du CNRS, l’université et l’établissement public régional, qui devait financer les travaux. L’Université acceptait de soutenir l’IREMAM à une condition impulsée par Philippe Joutard, Jean-Claude Bouvier et plusieurs collègues de la même génération : que soit créé un cadre, encore mal défini, pour les études sur la rive-Nord de la Méditerranée. Le CNRS accepta, a minima, sous la forme d’un simple GRECO, sans autonomie et en principe sans personnel propre. La négociation globale faillit ne pas aboutir parce que le président de l’EPR, Michel Pezet, exigeait la création d’un poste CNRS en Espagne, pour un protégé personnel docteur en ethnologie. Le CNRS s’inclina quelques jours avant les élections régionales, que tout le monde savait gagnées par la droite. C’est ainsi que nous avons obtenu nos 200 m2 inondables en sous-sol de Schuman, avec un personnel affecté incertain dans ses rattachements et parfois dans ses motivations. Le GRECO est devenu GDR 97 et je l’ai pris en charge en 1989, mais chacun savait que cette fausse fenêtre acceptée du bout des lèvres par le CNRS n’allait pas durer. Au fond, sauf pour l’Université, nous étions un sous-produit obligé, temporaire accepté au nom d’enjeux supérieurs.
Un faux départ puis une création du bout du stylo
Le faux départ se produit entre 1991 et 1992. La majorité des centres de recherche qui composent le GDR, à l’exception des ethnologues, auto-rebaptisés anthropologues veulent entrer dans un cadre qui commence à s’implanter, l’UMR, et veulent une UMR globale, qui ne laisse personne au bord de la route et permette le partage des pratiques thématiques, méthodologiques et disciplinaires. L’héritage, déjà quelque peu lointain, de Georges Duby contribue sans doute à cette volonté, mais elle repose surtout sur l’expérience réussie du GDR. Je présente un projet en ce sens, d’abord rejeté par le DS du CNRS, qui propose des UMR séparées. Le ministère de la recherche, en l’occurrence Maurice Garden, m’empêche d’aller à l’affrontement. Bien vu : à peine quelques mois plus tard, le DS CNRS, d’Iribarne, présente comme sien notre projet initial. Ouf donc, au prix de l’acceptation du jeu des pouvoirs, sauf que les pouvoirs changent. La droite gagne en 1993 et remet tout en cause, surtout les décisions non encore signées…
La création du bout du stylo, en 1994, est celle que nous célébrons aujourd’hui. La nouvelle direction scientifique accepte le projet d’UMR englobante, mais me demande, en public et plus instamment encore en privé, d’éliminer tous les non publiants. Il s’agissait en partie de quelques rattachements historiques, parfois de complaisance, aux centres constituant le GDR. Sur ce point, la nouvelle direction touchait juste. En réalité, l’injonction touchait surtout la grande majorité des jeunes MCF de l’époque, sortis épuisés de leur thèse récente et soucieux avant tout de la préparation de leurs cours. J’ai donc accepté sans difficulté d’éliminer quelques poids morts, mais je me suis refusé à aller plus loin, en expliquant que je savais mobiliser mais pas éliminer. Il était inacceptable de nous priver des forces vives, mais j’ai senti que cette exigence pouvait se transformer en opportunité. Le manque d’investissement des jeunes tenait aussi à la distribution des pouvoirs au sein de l’unité. Ils pouvaient se sentir comme des invités passifs au sein du GDR, puisque le pouvoir effectif appartenait aux directeurs des centres. Il fallait remobiliser les MCF. D’où une réorganisation du projet. Les grands axes, coordonnés par des professeurs confirmés, ont été maintenus, mais ils sont devenus des coquilles presque vides : à l’intérieur de chacun d’eux, l’initiative et la décision ont été attribués à des programmes confiés à de jeunes titulaires. Ce changement a été accepté difficilement par la tutelle de l’époque, comme un simple bout d’essai. Un essai réussi, à la base de la longue vitalité de l’UMR : nous sommes le produit d’une confiance dans la jeunesse.
- Références et liens
- TELEMMe
- Date de début
- 1992
- Date de fin
- 1994-01-01
- Ont contribué à cet événement
- Chastagnaret, Gérard 1945-
- Joutard, Philippe, 1935-
- Bouvier, Jean-Claude
- Ont rédigé cette notice
- Chastagnaret, Gérard 1945-
- Mots-clés
- fondation
- CNRS
- Université
Fait partie de Aux origines : du GDR Nord Méditerranée à la création de TELEMMe