Première ANR : EMMA – Les émotions au Moyen Âge
- L'événement
- Première ANR : EMMA – Les émotions au Moyen Âge
- La première fois
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L'initiative de la première candidature de TELEMMe à un appel à projet de l'ANR en revient entièrement à Bernard Cousin, qui dirigeait alors l'UMR. C'est lui qui comprit que les recherches sur l'histoire des émotions, qui émergeaient en France et ailleurs, avaient toutes les chances de retenir l'intérêt de la nouvelle Agence Nationale de la Recherche. Nous étions au printemps 2005, l'ANR venait d'être créée. J'en connaissais à peine l'existence mais déjà je n'aimais pas ce qu'elle représentait et les changements profonds qu'elle annonçait pour la condition de la recherche : la compétition plutôt que la coopération, la rhétorique de l'excellence comme nouvelle forme de la distinction, la nécessité de trouver avant même de commencer à chercher, l'argent pour certains plutôt que la confiance pour tous. Bernard Cousin sut me convaincre, comme à son habitude avec peu de mots, et ce léger sourire qui perça sans difficulté le masque de mes réticences. Paradoxe de l'ANR qui grignotait la liberté des laboratoires mais offrait une opportunité inespérée au néo-MCF que j'étais de réaliser sans délai un projet, celui de faire exister un nouveau champ de la recherche historique, dont je pensais qu'il serait l'effort d'une carrière. Lorsque je consulte aujourd'hui le formulaire de candidature, je suis saisi par la légèreté alors de la procédure : une équipe réduite de 6 chercheurs et chercheuses (dont Laure Verdon et Piroska Nagy), un projet scientifique présenté en 5 pages, un budget prévisionnel résumé en un tableau de la taille d'une carte postale. L'ogre administratif avait encore une silhouette svelte et cherchait à séduire.
La suite de l'aventure est collective, elle est portée par l'ensemble de la communauté scientifique et administrative de TELEMMe, dans le temps récurrent des séminaires de groupe et les événements fondateurs des journées d'études et des colloques qui annonçaient autant de livres collectifs à venir. En 2008, la phase ANR du programme EMMA touchait à sa fin. La même année nous ouvrions le premier carnet de recherches « Hypothèse » de TELEMMe. Que sont trois années dans la vie d'un champ de recherche ? Un babillement. Le plus grand succès de l'expérience EMMA ne fut peut-être pas d'avoir obtenu le financement de l'ANR mais de lui avoir survécu. Au fil des années, EMMA est devenue (oui, en changeant de statut, EMMA a changé de genre, pour devenir elle-même : à partir de 2009, elle n'est plus un « programme ANR », genré au masculin, mais « EMMA » tout court : l'histoire des émotions ne pouvait être que féminine) un collectif de chercheurs et de chercheuses qui se jouent des frontières et des continents parce qu'ils et elles savent que TELEMMe et la MMSH sont leur maison commune. L'an prochain EMMA aura vingt ans, l'âge des étudiantes et étudiants qui s'initient à la recherche, l'âge auquel j'ai commencé à m'intéresser aux émotions dans l'histoire en lisant Georges Duby, sans savoir qu'un jour « l'histoire des émotions » établirait sa base dans l'université où il enseigna, organiserait son premier colloque dans la salle de la MMSH qui porte son nom. Vingt ans, l'âge où toutes les fois sont des premières fois.
- Références et liens
- Carnet de recherche d'EMMA
- Date de début
- 2005-01-01
- Date de fin
- 2008
- Ont contribué à cet événement
- Boquet, Damien, 1969-
- Verdon, Laure, 19..-
- Nagy, Piroska, 1968-
- Cousin, Bernard, 1946-
- Rabion, Agnès
- Ont rédigé cette notice
- Boquet, Damien, 1969-
- Mots-clés
- histoire
- anthropologie
- psychologie
- histoire de l'art
- littérature
- carnet de recherches en ligne
- Médias
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Fait partie de Première ANR : EMMA – Les émotions au Moyen Âge